Les algorithmes nous pourrissent la vie

Les algorithmes nous pourrissent la vie

Croire que nous maitrisons notre image et la force de la relation tissée avec nos contacts sur les réseaux sociaux devient une douce utopie qu’il est urgent d’avoir à l’esprit.

Le roi Google

Vous connaissez probablement la phrase suivante : « Peu importe ce que vous dites sur vous, l’important, c’est ce que dit Google de vous ! »

C’est à dire ce que « disent » les résultats qui ressortent d’une recherche sur votre nom, votre entreprise, votre association. Google, c’est un algorithme qui répond à une requête d’un internaute en affichant des contenus qu’il a préalablement identifié, qualifié, organisé sur l’ensemble de l’Internet mondial.

Qui êtes-vous sur les réseaux sociaux ?

Avec l’apparition des réseaux sociaux, dont Facebook pour parler du plus important, nous pensions reprendre un peu la main sur notre personnalité numérique.

En choisissant les contenus que je diffuse à mes amis, en choisissant les contenus que j’aime et que je repartage, je construis mon image digitale. Cette image est donc étroitement associée et dépendantes des contenus que je diffuse. Et chaque contenu est un élément constitutif de mon identité numérique.

Je ne suis plus celui que je croyais être

Sur les réseaux sociaux, j’ai perdu la maitrise de mon image. Désormais, c’est Facebook qui construit mon identité numérique. Car dans les faits, tous les contenus que je publie ne sont pas vus. En partie parce que mes amis ne passent pas leur vie sur Facebook à suivre toutes mes publications. Surtout et principalement parce que Facebook, via son algorithme, décide unilatéralement quels contenus afficher sur la timeline de mes amis.

Les algorithmes ne sont pas neutres

La personnalisation de nos flux d’actualité entraine une lourde responsabilité des plateformes de réseaux sociaux sur notre manière de tisser nos liens relationnels. Ces partis-pris sont-ils meilleurs pour nous ?

Définir l’importance de nos relations avec nos collègues, notre famille, ou des personnalités publiques au seul prisme de la fréquence et du nombre d’interactions (like, commentaire, partage) est une erreur. C’est une interprétation de Facebook déformée et enfermante, de la manière dont chacun de nous envisage la construction de ses rapports sociaux.

Les nouveaux “gate keepers”

Là où précédemment les médias traditionnels jouaient le rôle de filtrage de l’information, à leur tour les médias sociaux deviennent les nouveaux gardiens du temple de l’accès à nos cercles relationnels. Alors que les blogs permettaient de contourner les “gate-keepers” 1.0 qui dictaient le droit de publication, les plateformes 2.0 que sont Facebook, Twitter, Youtube, etc. opèrent une sélection sévère de l’accès au droit de lecture et d’interactions, dans une économie de l’attention.

Expérience vécue et un tweet, à la génèse de cet article

Le tweet

Tweet publié en conclusion d’une table ronde au dernier Blendwebmix

Expérience vécue

J’utilise mon compte Facebook à titre professionnel. Je m’autorise quelques digressions personnelles sur des sujets qui me tiennent à coeur telle que la protection de la faune marine. Etant plongeur, je partage les actions de Sea Shepard pour sensibiliser ma communauté au besoin de sauvegarder les dauphins des massacres dont ils sont victimes.

Un jour, sur Facebook, je partage involontairement une vidéo amateur d’un touriste dans un zoo en Inde qui filmait un homme tombé dans la fausse du tigre. A la fin de la vidéo, le tigre part avec “sa proie” au fond de son enclos. Conséquence directe, 3 de mes amis sur Facebook – que je connais dans la vraie vie et avec qui j’échange régulièrement – me taclent sévèrement pour ce partage. Après une relance de leur part, je supprime la vidéo.

Je décide de leur signaler que j’ai bien supprimé la vidéo et par la même occasion que j’aimerai qu’ils soient aussi réactifs dans leur outrage pour la défense des dauphins en likant, partageant et/ou commentant les nombreuses vidéos de Sea Shepard que j’ai diffusé.

Malheureusement, Facebook en a décidé autrement car un de mes 3 camarades de jeu m’interpelle en me signifiant qu’il ne comprend ni ne sait de quoi je lui parle. Oui, il n’a jamais vu mes posts concernant Sea Shepard.

Ainsi, je me construis une image globale à travers tous les contenus que je publie et l’algorithme de Facebook filtre mes contenus et donc modifier mon image. Pire, il ne la modifie pas, il l’a (re)construit lui-même.

En prendre conscience par l’expérience fut un déclic qui dépasse largement la prose des articles dans les médias et qui donne à réfléchir de l’impact des algorithmes sur ce que nous croyons être sur les réseaux sociaux.

Article écrit à 4 mains par Marie-Laure Vie et Bruno Fridlansky

Marie-Laure Vie@Marilor, Conseil & stratégie Internet et médias sociaux à Paris et Montpellier. Formatrice et conférencière. Intervient auprès des PME, des organisateurs d’événements connectés, et des stratégies open data publiques.

Son profil sur LinkedIn : Marie Laure Vie

Bruno Fridlansky@brunofridl, Digital Marketing Sherpa, rendre compréhensible et accessible à toutes les entreprises le marketing et la communication digitale. Formateur, conférencier, animateur, blogueur, intervieweur, producteur de contenu.

Article initialement publié sur Pulse


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